• Bon mardi !

     

    L’hiver

    Anna de Noailles

    C’est l’hiver sans parfum ni chants.
    Dans le pré, les brins de verdure
    Percent de leurs jets fléchissants
    La neige étincelante et dure.

    Quelques buissons gardent encor
    Des feuilles jaunes et cassantes
    Que le vent âpre et rude mord
    Comme font les chèvres grimpantes.

    Et les arbres silencieux
    Que toute cette neige isole
    Ont cessé de se faire entre eux
    Leurs confidences bénévoles.

    – Bois feuillus qui, pendant l’été,
    Au chaud des feuilles cotonneuses
    Avez connu les voluptés
    Et les cris des huppes chanteuses,

    Vous qui, dans la douce saison,
    Respiriez la senteur des gommes,
    Vous frissonnez à l’horizon
    Avec des gestes qu’ont les hommes.

    Vous êtes las, vous êtes nus,
    Plus rien dans l’air ne vous protège,
    Et vos cœurs tendres ou chenus
    Se désespèrent sur la neige.

    – Et près de vous, frère orgueilleux,
    Le sapin où le soleil brille
    Balance les fruits écailleux
    Qui luisent entre ses aiguilles.

     
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  • Bon mercredi !

     

    Tableau d'hiver  !

    • Le calme est pesant dans la maisonnée,

      Les bûches crépitent dans la cheminée,

      C'est le doux moment des veillées !

      Dehors, le grand froid s'est installé,

      Le vent qui souffle sans s'arrêter,

      Fait tournoyer les flocons immaculés !

      Dans le petit village enneigé

      Les quelques passants emmitouflés

      Hâtent leurs pas pour rentrer !

      La nuit très tôt s'est installée,

      Et laisse à sa guise le vent nous souffler

      Que le Grand Bonhomme Hiver est arrivé !

       

      Michelle


       

     


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  • Bon mardi !

     

    Nuit de neige

    Guy de Maupassant

    La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
    Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
    Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.

    Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
    L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
    Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
    Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

    La lune est large et pâle et semble se hâter.
    On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
    De son morne regard elle parcourt la terre,
    Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.

    Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
    Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ;
    Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
    Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

    Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
    Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
    Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
    Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

    Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
    Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
    De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
    Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.


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  • Bon mardi !

    Noël

    Théophile Gautier

    Le ciel est noir, la terre est blanche ;
    – Cloches, carillonnez gaîment ! –
    Jésus est né ; – la Vierge penche
    Sur lui son visage charmant.

    Pas de courtines festonnées
    Pour préserver l’enfant du froid ;
    Rien que les toiles d’araignées
    Qui pendent des poutres du toit.

    Il tremble sur la paille fraîche,
    Ce cher petit enfant Jésus,
    Et pour l’échauffer dans sa crèche
    L’âne et le bœuf soufflent dessus.

    La neige au chaume coud ses franges,
    Mais sur le toit s’ouvre le ciel
    Et, tout en blanc, le chœur des anges
    Chante aux bergers :  » Noël ! Noël !  »

    Théophile Gautier


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  • Bonne semaine à tous !

     Mardi poésie chez Lady Marianne: http://www.ma-chienne-de-vie.com/

    François Coppée (1842-1908)

    Novembre

     Captif de l’hiver dans ma chambre
    Et las de tant d’espoirs menteurs,
    Je vois dans un ciel de novembre,
    Partir les derniers migrateurs.

    Ils souffrent bien sous cette pluie ;
    Mais, au pays ensoleillé,
    Je songe qu’un rayon essuie
    Et réchauffe l’oiseau mouillé.

    Mon âme est comme une fauvette
    Triste sous un ciel pluvieux ;
    Le soleil dont sa joie est faite
    Est le regard de deux beaux yeux ;

    Mais loin d’eux elle est exilée ;
    Et, plus que ces oiseaux, martyr,
    Je ne puis prendre ma volée
    Et n’ai pas le droit de partir.


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