• Histoires vraies

    Histoires vraies

     

    La Vagabonde

     

     Elle passait ses nuits au Bureau de poste de la cinquième rue. Je pouvais la sentir avant d’avoir tourné le coin où elle avait l’habitude de dormir, debout, dans l’entrée près des téléphones publics. Je sentais l’urine qui suintait à travers ses couches de vêtements sales et l’odeur de putréfaction qui émanait de sa bouche presque complètement édentée. Si elle ne dormait pas, elle marmonnait des bribes de phrases incompréhensibles.   Maintenant ils ferment le bureau de poste à six heures pour que les vagabonds ne puissent pas rentrer, alors elle se roule en boule sur le trottoir sans cesser de se parler à elle-même, sa bouche grande ouverte et comme désarticulée, son odeur diminuée par une douce brise.   Un soir d’Action de grâces, il nous restait tellement de nourriture après le repas que j’ai emballé les restes, me suis excusée auprès des autres et suis allée en voiture jusqu’à la cinquième rue.   C’était une nuit glaciale. Les feuilles tourbillonnaient et les rues étaient presque désertes, tout le monde bien au chaud dans une maison ou dans un abri sauf quelques déshérités. Mais je savais que je la trouverais là.   Elle était vêtue comme elle l’était toujours, même en été: les chaudes couches de laine dissimulant son vieux corps voûté. Ses mains osseuses cramponnées à son précieux chariot d’épicerie. Elle s’était installée près d’une clôture métallique en face du terrain de jeu jouxtant le bureau de poste. «Pourquoi n’a-t-elle pas choisi un endroit mieux protégé du vent?» Je pensait, et présumait qu’elle était si folle qu’elle n’avait pas pensé à s’engouffrer dans une entrée.   J’ai garé ma belle voiture lustrée contre le trottoir, baissé ma vitre et dit: «Maman… voudriez-vous…», moi-même étonnée de m’entendre dire ce mot, «maman». Mais d’une certaine façon elle l’était… elle l’est… bien que je ne puisse pas me l’expliquer.   J’ai répété: «Maman, je vous ai apporté de la nourriture. Voulez-vous de la dinde avec de la farce et de la tarte aux pommes?»   Sur ces mots, la vieille femme me regarda et dit très clairement et très distinctement, ses deux dents du bas branlantes et sur le point de tomber: «Oh, merci beaucoup, mais j’ai assez mangé. Pourquoi n’allez-vous pas donner ça à quelqu’un qui en a vraiment besoin?» Ses mots étaient clairs, ses manières gracieuses. Puis elle me congédia, en renfonçant la tête dans ses guenilles.      

    Bobbie Probstein

    « Histoires vraiesHistoires vraies »

  • Commentaires

    6
    Vendredi 25 Octobre 2013 à 08:37
    ema2

    Bonjour Mamy Kool, j'espère que tu vas bien en cette fin de semaine. Je te souhaite un bon vendredi.

    bisous

    5
    Vendredi 25 Octobre 2013 à 03:43

    Bisous dans ma nuit chère Mamykool ! 

    4
    Jeudi 24 Octobre 2013 à 11:37

    ...beaucoup de ces personnes s'enferment sur elles-mêmes, déçues du monde "extérieur", ne croyant plus à la bonté de quelques rares personnes...c'est bien dommage mais c'est ainsi.

    Bonne journée, Bises de Mireille du Sablon

    3
    Jeudi 24 Octobre 2013 à 10:58

    Une bien triste histoire ,et réelle malheureusement bonne journée bisous

    2
    Miss Mary
    Jeudi 24 Octobre 2013 à 10:39

    Bonjour Michelle, merci pour cette belle histoire, mais je la trouve un peu trop triste..... Je n'aime pas voir les gens malheureux, et quelle dommage que cette personne n'accepte pas un peu d'aide, mais hélas, il y en a beaucoup comme cela, et il faut accepter leur choix ! bonne journée, bisous à bientôt.  "Miss Mary"

    1
    Jeudi 24 Octobre 2013 à 09:09

    Bonjour MamyKool

    Et oui il y a des gens malheureux et qui ne veulent pas d'aide je sais pas pourquoi ! Une triste histoire

    Je te souhaite une bonne journée gros bisous



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :